Note Idées lecture BnF : La voiture de Khalil et Starr, deux adolescents noirs, est interceptée par des policiers et le policier blanc abat Khalil, transformant la jeune Starr en témoin d'un meurtre que la société américaine blanche regarde comme légal. Si Starr est au centre du récit et en tient la narration, c'est toute sa famille que nous suivons 500 pages durant. Une famille désordonnée où Maverick, le père épicier et ex-taulard, et Lisa, la mère infirmière et « dictateur domestique », sont bien décidés à ne pas se laisser faire par le destin promis aux Noirs du ghetto. La Justice disculpe le policier blanc et embrase le quartier noir. Cette conclusion prévisible n'enlève rien à ce roman qui laisse toute leur place aux nuances, elle en révèle au contraire les ressorts. Une lecture forte en direct d'une Amérique violente, électrique.

Note Idées lecture BnF : « The Hate U Give Little Infants Affects Everybody». Cette phrase (transformée en THUG LIFE) du rappeur américain Tupac Shakur est le motif que l'on va retrouver tout au long de ce roman : « Ce que la société nous fait subir quand on est gamins lui pète à la gueule. » Pour donner vie à ce motif, un détonateur : Khalil et Starr, deux adolescents noirs, rentrent chez eux après une fête ; leur voiture est interceptée par des policiers. Le simple contrôle de papiers dérape et le policier blanc abat Khalil, transformant la jeune Starr en témoin d'un meurtre que la société américaine blanche regarde comme légal. À partir de ce combustible et de cette étincelle, Angie Thomas, elle-même afro-américaine, déploie un roman familial violemment contemporain et essentialisé avec habileté (nulle ville ni nul homme politique cités). Si Starr est au centre du récit et en tient la narration, c'est toute sa famille, à laquelle elle nous attache puissamment, que nous suivons 500 pages durant. Une famille un peu désordonnée où Maverick, le père épicier et ex-taulard, et Lisa, la mère infirmière et « dictateur domestique », sont bien décidés à ne pas se laisser faire par le destin irrémédiablement promis aux Noirs du ghetto. Starr hésite à témoigner pour défendre l'honneur de son ami abattu et de sa communauté. Car la jeune fille navigue entre deux mondes : la communauté noire à laquelle elle appartient et le monde des Blancs privilégiés qu'elle côtoie dans l'école privée blanche qu'elle fréquente avec ses deux frères et où elle a rencontré son petit ami Chris, riche et blanc comme il se doit. Peu à peu, sans perdre Chris, Starr prend conscience de la portée de sa parole, sa seule arme. Le procès, rapidement évoqué - c'est si peu là que cela se joue - disculpe le policier blanc et embrase le quartier noir. Cette conclusion prévisible n'enlève rien à ce roman qui laisse toute leur place aux nuances et aux hésitations, elle en révèle au contraire les ressorts. Difficile à traduire par la multiplicité des langages et leurs significations sociales, le roman commence par une longue scène entre ados qui a dû donner du fil à retordre à la traductrice, mais très vite on fait corps avec l'action et les personnages au point de ne plus se poser la question. Une lecture forte pour une plongée dans une Amérique électrique.