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La dernière reine

Disponibilité Type Localisation Cote
Disponible Livre Rez-de-Chaussée - BD adulte BDA R
Disponible
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La dernière reine

Auteurs :
Editeur :
Année de parution :
2022
Gueule cassée de la guerre 1914-1918, Edouard Roux se réfugie dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage, qui lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu artistique de Montmartre. En échange, Edouard lui fait découvrir le plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué lorsqu'il était enfant.
Note Idées lecture BnF : La chasse à la dernière ourse du Vercors en 1898, le travail d'une sculptrice sur les « gueules cassées » de la Grande Guerre : l'extermination d'une espèce et le suicide d'une civilisation mis en parallèle dans un roman graphique d'une étonnante puissance, à la fois retenue et expressive, parfois expressionniste. L'histoire, doublement tragique, porte en elle l'espoir et la beauté de l'amour de Jeanne et d'Édouard, écho d'une foi en la puissance de la nature, en la montagne écrasante qui renvoie l'homme à la futilité de son échelle. Magistral !
Note Idées lecture BnF : Rochette, jeune prodige de la bande dessinée française à l'époque du Transperceneige, est curieusement devenu une figure culte et tutélaire de cet univers à plus de 60 ans avec Ailefroide, immense récit d'alpinisme et autobiographie de l'artiste. Depuis, il enchaîne les œuvres phares et magistrales, installé dans un chalet perché sur les épaules des cîmes. Le Loup parlait d'aujourd'hui, de guerre et de nature, La dernière reine nous ramène en 1898-1918, nous parlant de nature... et de guerre ! S'inspirant de faits réels et méconnus - qui savait qu'un ours vivait encore dans les Alpes (Vercors) en 1898 ? - à savoir l'extermination d'une espèce, et le travail d'une sculptrice sur les « gueules cassées » de la Grande Guerre, Rochette livre un roman graphique d'une étonnante puissance, à la fois retenue et expressive, parfois expressionniste. Sa technique (pinceau et encre) associe des finesses de traits à faire pâlir des graveurs, tout autant qu'un certain brutalisme, un travail des masses et des taches qui cousine avec celui d'un Edmond Baudoin. Le contraste avec des ciels pâles, ou des prairies, pentes... traités en aplats épurés est saisissant. Rochette montre, observe des personnages taiseux, traumatisés par la sauvagerie humaine, au point d'effacer leurs sens : gueule cassée dissimulée sous un sac, comme pour les monstres de foire ; mutisme obstiné devant le crime, regards détournés devant la bêtise de la société. L'histoire, doublement tragique, porte en elle l'espoir et la beauté de l'amour de Jeanne et d'Édouard, écho d'une foi de l'auteur que l'on pourrait qualifier de panthéiste : foi en la puissance de la nature, en la montagne écrasante qui renvoie l'homme à la futilité de son échelle. Ce magistral roman graphique, en seulement 235 pages toutes remarquables graphiquement, vous saisit par son évidence, son honnêteté et sa radicalité. C'est aussi un manifeste écologique bien plus interpellant que bien des albums verbeux et militants : il rappelle l'humain dans le grand monde du mythe, renvoie le progrès au miroir de l'Univers. Quelle trilogie de chef-d'œuvres !