Alternant séquences de proches filmées « face caméra », enquête personnelle entre la France et le Maroc (à la recherche de témoignages), images d’archives personnelles (en 8 mm) ou de propagande (liées à la grande Histoire), Eric Caravaca nous place ainsi, grâce à ce dispositif, au cœur même de la quête existentielle de cet enfant (lui), qui cherche à connaitre son histoire familiale, et découvrir peu à peu (pas à pas) ce passé qu’on lui a dissimulé...

Sur le fil du rasoir, il parvient ainsi à rendre public l’intime, tout en pudeur et délicatesse (malgré un sujet grave), et nous démontre le formidable pouvoir de la catharsis (en homme de cinéma et de théâtre qu’il est) pour dépasser l’emprise que peut avoir la honte sur nos vies, et remettre en pleine lumière, dès lors, ces tabous que l’inconscient tente d’effacer.

Ce très beau film (par son sujet et sa forme) interroge également la représentation du handicap et de la mort dans nos sociétés (qu’elle concerne la génération précédente – les années 60 – ou nos jours) : comment conjurer l’absence d’images ? Comment réconcilier, au sens large ?

William